Ils disent que je suis un poète
Que mes mots couchés sur les sépultures de papier
ne peuvent venir que d'une âme profondément initiée
Que les phrases qui s'échappent quand s'ouvrent mes lèvres
ne peuvent venir que d'un esprit indéniablement inspiré
Cependant ils ignorent,
Ils ignorent que les mots que je berce sur le papier,
ces mots, je les tire du dictionnaire de ton regard
Ils n'imaginent pas que les mots que je lance au vent
sont les fruits que plantent en moi chacun de tes sourires,
Ils jurent...
Que mes paroles touchent ceux qui les entendent
Que mes silences séduisent ceux qui s'en imprègnent
Que mes perspectives réjouissent les cœurs attristés des veuves
Que mon verbe verdit les prairies les plus arides des déserts
Ils ne se doutent pas,
Que Je n'ai nullement la prétention de plaire à quiconque
Que Je n'ai aucunement l'intention de faire rêver tout le monde
Que mes paroles comme le sang de l'innocent chevreuil abattu
s'échappent involontairement de mon cœur attaqué par Cupidon
Poète, je ne suis point. Griot, je n'en possède pas le talent
Pourtant s'ils m'avaient interrogé, je leur aurais révélé
Que je ne suis qu'une pauvre âme, une âme en peine
Un esprit qui souffre d'une maladie incurable qui le torture
D'origine inconnue, et de manifestation incompréhensible
Un mal dont on ne s'attend jamais qu'il vous tue
Un mal, que, confiant, et imprudent, on laisse s'emparer de soi
Un mal dont l'unique façon sûre de guérir est de se laisser ronger
Un mal dont la prononciation même du seul nom en renforce la gravité
Le plus doux des maux qui en s'en allant vous inflige inimaginable douleur.