
À en perdre le nord avec sa boussole
Sur un sol que retournent le pelleteuses,
Foreuses à mains nues traçant route et rigoles
En pétant des fois, sable et vapeurs poussiéreuses.
Des stop par alternance à n’en point finir
Pire, demi tour pour un rond point né
La veille, choisir sa rue pour de terre sortir
Là où personne ne l’invite ni ne l’attendait.
Jasons à raison que goudron n’apporte pas raison,
Que bouche vide ne se remplie pas à coups de pelles
Et que poudre aux yeux ne débouche pas même ce bouchon
Qui survit à tous remèdes, tel une sanction éternelle.
Quand nous serons à l’aise sur quatre roues ou sur deux
Peut-être croirons nous enfin, sans plus de preuves
Que l’État travaille vraiment pour qui veut le voir à l’œuvre,
Muni d’une carte à culs-de-sac et de bons yeux.
Écrire pour oublier écrire pour arrêter d’exister
Du moins continuer ou faire l’effort
À travers ces quelques lignes que j’écris
À gorge nouée
Je n’ai pas choisi ce que je vis
Encore moins ce que je vivrai
Si j’avais le choix je cesserais sûrement d’être
Juste paraître à travers quelques lettres et syllabes
Quelques vers et phrases
Remplis de chagrin et de larme
De mélancolie et de drame
Je prie pour que celui à qui parviendra ce message
Ai le courage de s’enfuir de sa cage
Car moi enfant né du chaos et des armes
C’est bien ma cage thoracique
Qui a eu raison de ma propre âme.
J’ai entendu des rumeurs
De bien insistantes rumeurs
Des murmures rampant sur les murs
Racontars fantastiques sans mesure
Sont-elles vraies ou fruit de fable
Prospèrent-elles qu’auprès d’êtres affables
Si crédules, si enclin à croire
Car heureux qui croit sans voir.
J’ai entendu des rumeurs soutenues
Insistantes, fabuleuses, sans retenue
Histoire d’une femme, pure lumière
Eblouissante à faire porter des œillères
Dessinée du bout d’un ongle céleste
Avec grâce, en un seul parfait geste
Elle, unique sur terre, incomparable
Heureux l’homme qui mange à sa table.
A toutes ces histoires non vécues
Par peur de l’inconnu
A toutes ces promesses non tenues
Ces amours perdues
A toutes ces idylles qui ont déçu
Auxquelles j’ai survécu
A mon cœur las d’avoir combattu
Battu, et abattu
A mes lèvres qui se sont souvent tues
Sur toute sorte d’abus
A ces horreurs que mes yeux ont vues
Jusqu’à ne plus en être ému
A chaque fois qu’ils n’auraient pas dû
Et qu’ils ont créé celle que je fus
A chaque fois que j’y ai encore cru
Ou que je n’en pouvais plus
A chaque fois j’ai fait ce que j’ai pu
Ou que je me suis retenue
A chaque fois que j’étais l’élue
Ou qu’aucune main ne m’a tenue
Chaque fois que je me suis sentie nue
Même en étant vêtue
A chaque projet que j’ai conçu
Qui sans naitre mourut
A chaque fois que j’ai été exclue
A chaque fois que je me suis abstenue
A chacun de mes regrets
reflets de mes actes manqués
Et fiat lux ! Et du néant naquit le vivant
Et plus rien ne serait comme avant
Un rêve est condamné à vivre debout
Quand il est porté par un grand fou.
Et fiat lux ! Mais avant, le plan !
Le hasard ne sais pas faire pour longtemps
Des statues taillées dans du marbre dur
Qui savent danser et cracher des injures !
En administration devant le croquis, devant sa vie
L’humain s’arrête au dégradé, au formes jolies
Quand Dieu, sans tendre le cou, voit à l’infini…