Au Mali,
Mali désabusé, des abusés
Mali balafré
Le fouet a répandu ses flots
Sur ton échine courbée
Mali soumis et rebelle
Mali fier mais muselé
Muse fêlée,
Tu t’es divisé et ils ont régné
Tes mosquées n’odorent plus l’encens
Mais le sang
Au Mali,
Des fils au talon émasculé
Des filles punies pour un pas chaloupé,
Tu te Caches sous un voile mal noué
La tête dans un turban
De voile l’œil menaçant,
Si imperméable à la pitié
Qui transpire un idéal étriqué
Ton visage pittoresque est balafré
Mali défiguré et blessé
Ô Mali
Jamais je ne saurai
Tout le mal que l’on te fait
Et si je n’ai jamais foulé ton sol
Ta douleur étreint mon col
Ton histoire désormais inerte
Vit d’écrits de pages et d’images
Mémoire collective, mémoire à ‘agonie
On l’y a trop facile la gâchette
Tu te meurs à coup de mitraillette
Et le dard du violeur t’a sailli
Au Mali
Des soldats de dieu crachant du feu
Dans un canon bien mal ajusté
Il emplit boubou et sarouel de cliquetis
Ta babouche pèlerine chez le traitre
Et ta bouche parodie la verve du maitre
Mali, Ton chemin se perd dans le nord
Tombouctou, que je pleure sur ton sort !
Mali des armées, mali désarmé
Là-bas que vaut un malheureux bras coupé
Sinon un luxueux bol de riz dérobé,
Au Mali,
Histoires épiques mandingues, l’épopée
Mali piégé de peu fiers guerriers
Tes mausolées sont balayés
Ils s’effondrent en tristes décombres
Ils passent de la lumière à l’ombre
Dans un assaut barbare et meurtrier
Tes bras de chaines ils ont emprisonné
Ils ont écrit l’épitaphe de ta liberté
Sur tes cendres je sanglote et je prie
Afin qu’un jour, tu renaisses à la vie.