On a tort de changer de main comme de stylo
Quand la droite est moite, la gauche maladroite,
De couper la racine quand le mal vient d’en haut
Et que son venin accouche de textes qui boitent.
On a tort de maudire, de pleurer, de faire la mou
Quand s’évade la muse insatiable au cœur instable,
De secouer sa plume comme pour en chasser le pou
Et de tordre le cou à quelques rimes agréables.
Le verbe n’a ni vacances, ni pause, ni retraite
Un jour on fait des images avec des lettres
Puis un autre jour on est bègue, bête et veule.
Alors le poète qui dans le noir se sent si seul,
Couche toute sa fierté sur un blanc linceul
Ultime témoin de la pureté d’une âme d’artiste.