Ces mots, cette douceur, cette attention,
Ces caresses, cette délicatesse, cette passion,
Ces baisers, cette volupté, cette précaution,
Tout ceci m'a tant manqué,
Ses injures, sa brutalité, son indifférence,
Ses prises, sa rudesse, sa violence,
Ses morsures, ce cauchemar, sa négligence,
Tout cela m'a tellement blessée,
Il s'est jété une fois de plus sur moi
Comme l'ont tous fait les autres avant lui
Dans l'unique but d'assouvir leurs envies
Sans aucun égard pour mon émoi,
Oui, je passe pour la pétasse du coin
Qui se fait culbuter pour un rien
J'imagine qu'ils se marrent tous bien
Quand ils débattent de la morphologie de mes seins,
Pour tous, comme ils disent, je ne suis pas sérieuse
Pour les moins acerbes, je ne suis qu'une malheureuse;
Mais pour aucun je ne suis précieuse
Et pour moi-même, pour moi-même,
Je suis celle qu'on disait toute petite belle
Celle qui faisait tourner la tete à mes si petits amis
Mais à des personnes bien plus âgées aussi
Ce que j'appris, d'une façon bien cruelle ,
Dans mon esprit, ce filet de sang
Dans ma mémoire, les pleurs de cette pauvre enfant
Qui crie mais que personne n'entend
Et qui souffre sous les assauts de ce géant,
Ils me traitent tous avec condescendance
Mais où étaient-ils tous quand j'appelais à l'aide ?
Quand je me faisais spolier mon innocence
Par ce tonton en qui j'avais toute confiance ?
Oh que j'aurai aimé l'offrir à mon bien-aimé
Mais là , je n'ai aucun remède
Pour soulager mon âme ravagée
Et ma fierté à jamais bafouée,
Si cela leur dit, qu'ils me passent tous sur le corps
Qu'est ce qui pourrait bien me faire plus de mal encore
Que d'avoir par impuissance noyé ma souffrance
Sous la coercitive loi du silence ?
Seulement peut-être feraient-ils mieux
De penser à leurs sœurs à eux
Et à ces loups qui leur rodent autour
Peut-être qu'à elles, ils pourront porter secours.