À ces discours, ces belles phrases
Qui ont poussé tant de croix en case,
Rempli tant d’isoloirs puis tant d’urnes
Pour mieux nous casser les burnes !
À ces ulcères agacés par la passion du dépit,
Ces bagarres au seul motif de mépris
Pères de morts qui pourrissent dans la rue
Et d’épitaphes sans fleurs ni larmes dessus ;
À ces balles que l’on disaient perdues
Qui trouvent leur voie dans des crânes inconnus,
À cet homme dévêtu, lynché puis brûlé
Contre ce sang d’enfant fraîchement égorgé.
À ces fous qui prêchent retenue et pardon
Quand nos »hommes de dieux » brandissent le talion,
À ces prophéties qui naissent le jour et meurent le soir
Ces signes abscons auxquels nous voulons croire
Sans renoncer à nos sombres méfaits
Qui chaque jour nous éloignent de la Paix,
Comme ces vains discours, ces belles phrases
Qui dans nos têtes ont grillé plus d’une case.