J’crois que les histoires d’amour, on vous en a conté avec beaucoup d’entrain
Et quand je vois tous ces slammeurs à l’eau de rose, Je n’aimerais pas en être un.
Pourquoi tu crois que tant de gens font la queue dans les gares de woro woro,
Pourquoi tu crois qu’on perd tant de temps avant d’arriver en sueur au boulot.
Les warens démarrent souvent au moment où l’on s’y attend le moins,
Et les histoires de monnaie te font descendre sous l’oeil impuissant des témoins,
Les témoins c’est les gens dans le rang ayant la monnaie
Et qui s’empressent de prendre ta place en évitant de te regarder en face,
Les autres dans la queue, sous le soleil ardent regardent le waren s’éloigner Avec un sourire inquiet,
Toi aussi tu t’éponges le visage et tu imagines déjà les commentaires de ton boss
Qui te fera la morale comme si tu étais son gosse.
Certains pensent qu’on empreinte les warens parce qu’on n’a pas les pieds sur terre,
Chacun y va de son pronostic sur la destination de nos voyages,
Pour la plupart le waren t’envoie au cimetière dès le premier accrochage.
L’habitude des warens change forcément ton comportement,
Dès le premier jour, ça semble amusant
Mais au fur et à mesure, ça devient harassant
À un moment donné, tu calcules pour occuper la place de devant
Mais soit sûr que c’est le meilleur moyen d’arriver en premier les pieds devant
Dans le waren, y a pas de compartiment,
Tu ne peux te fier qu’au chauffeur et à son comportement
Siège arrière entre deux vendeuses de piments ou seul devant cheveux aux vents,
La mort par accident peut te trouver à n’importe quel moment,
C’est pourquoi, en warens, on n’a d’autre choix que de rester vigilant
Dès les premiers virages, tu sors déjà ta bible et ton chapelet,
Tu calcules pas derrière la vitre le défilé des gos
Qui se déhanchent en jeans taille basse
Tu te sens croyant, tu te sens enfant de Dieu, fervent
Parce que tu vois la mort arriver devant
À chaque dépassement dangereux, tes prières montent plus haut dans les cieux
Tu es tellement stressé que t’as presque envie d’étrangler le chauffeur
Pour qui ta vie ne vaut rien à côté de la recette qu’il doit se faire.
Mais ton stress ne dure qu’un temps et ton cœur retrouve son rythme normal
Que lorsque tu refermes la porte de ce tas de ferraille qu’on appelle France au revoir
Toi tu te dis que tu n’y es pour rien et que c’est Dieu
Qui t’accompagne à chaque voyage,
Le ronronnement du waren te saoule et le virage de la corniche t’effraie,
En plus, faut que tu te lèves chaque matin que tu marches jusqu’à la gare
Tu vas encore reprendre le waren, revoir le chauffeur à l’haleine qui pue le stricker.
C’est comme ça, on n’a pas le choix.
C’est la galère qui se moque de notre bonheur.
Sur la vitre arrière du waren, la vérité est écrite en toutes lettres
Avec quelques fautes de français : Dieu seul est le S-O-V-E-U-R !