Société

Sa face est parcourue de stries
Que le temps a dessiné au fil des années
Lui volant l'un après l'autre chacun de ses appas
Un peu de vie, des rêves, et des apparats.

Son corps devenu insolent
Insubordonné aux ordres de ses maîtres
Sans remords, l'ignorant, à  lui-même traître
Si lent, si indolent, si nonchalant

Sa mémoire est en crue de souvenirs
Ils inondent son œil rendu humide et vitreux
Son présent apprend à  oublier le nom fuyant de l'avenir
Crachant sa vérité «tous, on aura la même fin, riches ou gueux »

Un jour, d'elle on parlera au passé
La solitude lui rongera ses restes d'humanité
Comme ses entrailles, ses dernières heures seront sombres
Elles qui ont refusé qu'un fœtus se pâme dans leur ombre.

Je suis Chrétien!
Je ne m'en cache pas, même quand ça craint.
Mais pour une fois j'avoue avoir eu honte de ce statut
Attendez la fin du texte avant de me cracher dessus.

Je suis Chrétien!
Le Dimanche j'acclame, je chante même quand je sais le refrain
Je participe au folklore qui agace le voisinage,
J'approuve l'évangélisation dans les villages...

Pendant qu'un homme qui n'a jamais ouvert la Bible
Bâtit un immeuble au refroidissement photosensible
En s'inspirant des merveilleux modèles de la termitière
Et de l'aération des écorces d'arbres, sans une seule prière.

Ils appellent cela le "bio-mimétisme", l'idée du futur,
La Science de la reproduction des mécanismes de la...nature.
Moi je n'ose pas les sommer de dire que c'est DIVIN
Tellement je suis ridicule de prétendre connaître ce DIVIN

Alors que je suis si ignorant de son œuvre parfaite
Me contentant de louer et faire chaque Dimanche la fête
En échange d'un travail, d'un mari, d'un voyage en France
Tout tournant autour de la satisfaction de ma panse.

Il m'importe peu d'être Fécond, je veux le blé
Pas même pour le Multiplier, juste m'en gaver
Et me Remplir les poches afin que plusieurs me soient Assujettis
Étant moi même Dominé par le système que j'alimente du Lundi au Samedi.

Oui, je suis Chrétien !
Chrétien du Dimanche, comme vous et le voisin
J'écris ces mots parce que juste un peu en colère après moi même
Passée la tempête, je devrais me ressaisir et revenir à  mes problèmes :

Comment être le plus inutile possible à  l'avènement du Royaume de Dieu
Tout en m'assurant une place bien au chaud...dans les Cieux ?

Quand les esclaves sont sur les chars et les Princes à  terre
Il n'y a pas meilleur moment pour se mettre des chaines
Et c'est en vain que sur le cheval j'appellerai l'enfer
Lui mort, mon trajet ne se fera qu'avec plus de peines.

Mais il en faut du talent pour être un bon esclave
Et le malheur guette le Prince insensé, l'orgueilleux
Qui ne prend point garde à  la voix pourtant grave
De son Roi, prônant l'Amour du bon comme du boiteux.

Que les Princes marchent donc, tant qu'ils sont enfants
Qu'ils apprennent à  faire un pas après l'autre avant de courir
Qu'ils tombent, qu'ils se relèvent comme d'humbles apprenants

Ou qu'une dynastie d'esclaves s'élève pour parer à  la tare
Qu'elle bâtisse des temples, des ponts et des hommes
Afin d'éviter au peuple une nouvelle décade de retard.

Vous  avez dit monogamie,
Pourtant d'infidélité sont faits vos lits
Mes femmes, elles se côtoient nuits et jours
Les vôtres ne se disent même pas bonjour.

Pourquoi s'empêcher de partager ?
Un cœur assez grand pour se multiplier
Pourquoi diantre se priver d'aimer?
Une de plus, point en trop n'est.

Comment choisir une seule dame dans une vie
Qui parmi plusieurs autres pourtant se poursuit
S'obliger à  limiter son amour à  celle d'aujourd'hui
Des sentiments devant l'inconnu demain, faire fi.

L'Afrique avait ses valeurs de solidarité
Auxquelles nous avons à  tort dit adieu
Jusque sur nos couches nous pratiquions la charité
Quand il y'en avait pour une, il y'en avait pour deux.

Chers vous, d'un iota je ne changerai pas mes pensées
Malgré  l'obscure blancheur de vos propos insensés
Du marié à  la concupiscence d'un cœur célibataire
Qui prêche à  cor et à  cri, votre honteux adultère.

Le vent qui vient du lointain des eaux
Avec le son du matin des indépendants
Premières lueurs de paix et de développement
Les premières capitales, les premiers  maux

Les monuments de notre récent passé, pleurent
Oubliés et délaissés, mais restés dans les cœurs
Le drapeau orange, blanc et vert se balance à  Anyama
Nous priant de laisser nos masques au carnaval de Bonoua

Abidjan, ville des mille lumières
Grand-Bassam, ville de nos pères
Bingerville, ville aux multiples visages
Dabou, ville de tous les âges

Vous aspirez toutes à  la paix
Vos pleurs, maintenant sont terminées
Vos plus grands désirs seront exaucés
Et c'est tout ce qui sera fait