Je suis celui qu’on bouscule dans la rue, anonyme
Reflet dans le miroir en quête d’un peu d’estime,
Piéton qu’on éclabousse, chauffard qui klaxonne,
Maudit tout haut tout le monde sans viser personne.
Je porte fièrement le costard comme le tablier,
Mais j’ai peine à vendre mes délicieuses tomates
A celle qui, contre un sachet, a troqué son panier
Quand son homme a opté pour une autre cravate,
Arguant cette foi, que ce serait décisif et pratique
Pour sortir du gouffre par le tunnel de l’emploi public.
Pour l’heure, je m’active au volant de mon taxi,
J’ai la chance d’avoir un client qui parle peu, qui sourit.
Peut être a-t-il compris comme moi ce matin
Qu’il n’était ni plus ni moins qu’un simple citoyen
Celui qu’on bouscule dans la rue, l’anonyme
Qui prendra d’assaut l’isoloir, ce maquis de l’espoir
Entre les mains le saint écritoire qui rectifie l’histoire
Et d’une croix sur un parchemin rendra justice,